Exposition chez Pierre Bergé & Associés, Bruxelles
du 19 janvier au 18 février 2011
Communiqué de presse :
« De la Pierre à la Lumière »
Benoît Luyckx
Trente ans de sculpture
Du Jeudi 19 janvier au Vendredi 18 février 2010, la maison de vente aux enchères Pierre Bergé & Associés accueillera, au sein de sa salle des Beaux-Arts de Bruxelles, la première rétrospective du sculpteur français Benoît Luyckx. Placée sous le haut patronage de l’ambassade de France à Bruxelles, l’exposition rassemblera un parcours de trente années de création entièrement dédiée à la sculpture.
Benoît Luyckx, né en 1955 à Alger, de père français d’origine belge et de mère d’origine espagnole, fait ses études à Paris à l’École Boulle, puis aux Beaux-Arts pour se donner exclusivement à la sculpture depuis 1978. Dès lors, il ne cessa d’explorer les possibilités expressives de la taille directe, passant du marbre blanc de Carrare au marbre noir de Belgique, avant de trouver, au début des années 1990, son matériau de prédilection : la « Pierre Bleue » en raison des ses subtiles possibilités de variations graphiques et chromiques. Les Carrières de la « Pierre Bleue Belge » l’accueillent pour y travailler. Dense et dure, cette roche sédimentaire fossilisée est extraite de la carrière en grands blocs permettant à l’artiste de réaliser des sculptures monumentales conçues, le plus souvent, en lien direct avec l’architecture des bâtiments qui les accueillent. Les séries des « Gratte-Ciel », des « Duo », des « Body-Building » initiées à la fin des années 1980, démontrent le lien étroit entre architecture et sculpture dans l’œuvre de Benoît Luyckx. Son enfance passée en Algérie dans la maison familiale réalisée par son père, architecte, dans un esprit Bauhaus entouré de nature, n’est sans doute, pas étrangère à ce phénomène d’ être toujours à la recherche de la lumière et de la forme.
Après avoir pensé la sculpture en volume ou en élévation comme le ferait un architecte pour un édifice, Benoît Luyckx enrichit la matière minérale d’une recherche poussée sur le relief. A coup de chasses, de burins ou d’abrasifs – les outils traditionnels du sculpteur – Benoît Luyckx griffe la roche, lui donnant les textures les plus variées. Sont évoqués successivement la peau, le pelage, le sable, l’eau ou la maille, des éléments organiques ou minéraux, constituant sa « palette graphique », qui confèrent à ses œuvres leur aspect changeant, en fonction de l’orientation de la lumière. Celles qui sont soclées, sont le plus souvent rotatives, captant ou dispersant la lumière selon que la sculpture expose ses différents aspects.
La découverte et l’emploi du disque diamanté – un outil résolument contemporain – vont permettre à Benoît Luyckx d’explorer des champs nouveaux, se situant à la frontière entre la figuration et l’abstraction. La frange est atteinte dans ses « Corolles », « Torsions » ou autres « Constructions Végétales » où le rythme des entailles de la disqueuse confère à la pierre un aspect organique. L’idée de pouvoir évoquer la poésie du minéral et du végétal avec un outil très contemporain passionne l’artiste qui perçoit l’emprunte de l’outil dans la matière comme une signature de notre époque.
Benoît Luyckx n’a représenté le corps humain que de manière fragmentaire et peu figurative. Il a focalisé ses recherches sur le mouvement et l’équilibre uniquement dans la zone du torse, lieu de la respiration, donc de toute vie, et qui suffit au sculpteur pour transcender la représentation intérieure et existentielle de l’être. Dans la série des « Torses », initiée en 1989, la sculpture se libère du corps pour tendre vers « une interprétation moderne de la forme artistique en trois dimensions (…) La représentation devient une présentation, voire une présence » (Margitt Rowell).
Ses torses noirs, bleus ou blancs qui ont pris la forme synthétique du trapèze, sont aussi le support d’écritures, celles des différentes textures qui révèlent les aspects multiples de l’être humain. Striée, lissée ou gravée, la surface de la pierre, à la vue comme au toucher, procure la sensation d’un pelage, qui tend à rapprocher l’humain de son origine animale, conférant aux œuvres de Benoît Luyckx leur intemporalité et leur sensualité manifeste.
Aux Etats-Unis comme en Europe, Benoît Luyckx a essaimé ses sculptures dans des lieux privés ou publics à la faveur de nombreuses commandes institutionnelles qui abritent des œuvres monumentales de l’artiste pensées pour l’architecture environnante. Son installation pour la Salle des Pas Perdus du Palais de Justice de la ville d’Evreux (1995), ou plus récemment encore, ses grands bas-reliefs, ses sculptures et bancs sculptés en granit noir pour le hall d’entrée du siège de Chanel à Paris (2009), témoignent du double projet de l’artiste : créer un espace de la sculpture qui soit mental et physique à la fois, unir dans une même dynamique le registre poétique de la métaphore à celui de l’expérience physique de l’objet dans son lieu d’inscription et son mode de création.
Quand on demande au sculpteur ce que toute son œuvre représente, il répond : « J’essaie de développer mon imaginaire à travers la nature aussi bien humaine, animale que végétale, pour y trouver une certaine sensualité, une certaine dynamique, une certaine vérité fondamentale » (dans Henri-François Debailleux, Benoît Luyckx, Sitching Het Depot, Waanders Uitgervers Zwolle, 2005).
D’ailleurs, actuellement, les nouvelles inspirations de l’artiste s’orientent vers l’évocation du rêve. Par les variations des ouvertures ovoïdes qu’il crée dans ses sculptures, l’artiste donne une respiration à la pierre. Les rythmes de ces recherches en ondulations sont une invitation à libérer notre imaginaire, comme s’élevant « de la pierre à la lumière ».